J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


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jeudi 21 février 2013

#158 : Monolisa "Paintings"

OK OK, le nouveau Brian Eno est très bien. Une tartine de Lexomil, un chalet sous la neige et roule ma poule. Le dernier Brian Eno est tellement toujours bien qu'il semblerait que le producteur à succès se soit permis d'envahir la rockosphère peu passionnée par ailleurs - il est vrai - par la musique pour aéroport, au point d'en faire oublier tous les autres, de Terry Riley à Steve Reich en passant par la Lorraine.

C'est là ma foi un raccourci un peu hasardeux, et ce ne sont pas les trois capitaines qui me diront le contraire. Mais qu'importe, il est de bon ton de crier au génie dès qu'un convive sort un album ambient de Brian Eno. De louer son inspiration débordante, en espérant que dans le feu de la discussion quelqu'un parle de Roxy Music et qu'un autre propose benoîtement "ah, tiens si l'on reécoutait le premier ?". Parfois ça marche, la soirée ne s'englue pas, et on repart comme en quarante sur du Bowie, du Mott The Hoople, et ouf, il reste des bières dans le frigo. Alors, autant se faire un petit Mötörhead, non ?

Pour autant, comment fait-il, le Brian, pour ne pas s'endormir en enregistrant ses albums ? Déjà, grâce au numérique, ça coûte moins cher en bandes magnétiques tout ça. Mais quand même.

Eh bien la réponse est simple. C'est même pas lui. Il existe des logiciels onéreux mais pratiques (Noatikl pour ne pas le nommer) qui permettent à ce génie de n'avoir presque qu'à cliquer sur un bouton Play pour ensuite en vendre suffisamment pour payer son billet d'avion pour l'Australie, où U2 l'attend pour un nouveau chef-d'oeuvre.

Je rêve d'une vie comme ça. Comme j'aurais aimé écrire Born To Be Alive, bien plus que Born To Be Wild. Quelques plateaux télés, mais vu ma tronche mon producteur aurait bien trouvé un bellâtre faisant l'affaire. Et au moment où je vous parle, je serais assis devant un feu de bois, dans mon chalet au Canada, avec la flemme de sortir un album aujourd'hui. Bien sûr, ma chère épouse me réclamerait un petit séjour aux Bahamas, pour pimenter la semaine. Alors, je daignerais à cliquer sur l'engin, envoyer mes fichiers à mon tâcheron d'assistant, téléphoner à Universal pour demander une avance de 10 000 $ (une paille !) et hop ! le lendemain je daignerais accorder une interview sous les cocotiers, le voyage en avion m'ayant permis d'élaborer un nouveau concept fumeux.

Mais tout ça, c'est possible.

Voici Monolisa, dernier groupuscule à la mode de Caen, tentant courageusement d'affronter Brian Eno sur son propre terrain. Avec des atouts certains (pas le même logiciel, un mixage/mastering façon ambient-grunge), un culot monstre et un talent indéniable. Mais si ! Chers amis qui me lisez, vous le savez bien. Pour une dizaine de potes qui s'inter-bloguent, des milliers d'affamés nous rendent visite pour piocher la substantifique moëlle, le cadeau Bonux de nos posts : ces foutus albums encodés avec amour, téléchargés avec un intérêt aussi vil que le peu de temps qu'ils passent à lire nos élans passionnés.

Cet album me réconcilierait presque avec la musique d'ascenseur. Par instant, on y croise (très rapidement) l'ombre d'un Robert Wyatt, un soupçon de Boards Of Canada, et dans ses moments irritants, il titille, reste intriguant. Si quelqu'un possède l'adresse mail de Brian Eno, je lui posterais bien. Car ce disque montre à quel point tout concept un peu fumeux peut devenir passionnant quand on s'y attache, pour une raison ou une autre.

Vous avez compris le message, mes amis ? Chut alors. Voyons.

La peinture à l'huile c'est bien difficile...

6 commentaires:

  1. Un nouveau chef d'oeuvre de U2 ??? z'en ont déjà fait un déjà ??
    ah si, le "PASSENGERS: Original Soundtracks: vol 1" produit par Brian Eno. :Disk sublime.

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  2. J'ai un peu de mal avec les albums "ambient" de Eno et tout ce qui y ressemble un peu. alors , sur ce coup-là, je vais passer même si cet album a l'air d'avoir des tripes (à la mode de Caen)...
    à la prochaine!

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  3. Je ne partage pas du tout ton opinion sur Brian Eno, mais encore une fois, j'ai pris un grand plaisir à lire cette chronique... qui me donne envie d'essayer... hein, quoi, ils s'appellent comment déjà ?
    Et bon courage pour le nouveau jeu !

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  4. Bon, en fervent admirateur de Eno je vais de ce pas glaner l'écoute car, forcément, ça m'intrigue.
    Après, chacun son idée de la musique d’ascenseur ou d'aéroport - je viens de passer quelques heures en attente de terminal et j'aurais aimé entendre Eno - un peu de musique plane en matant les avions qui décollent et les hôtesses qui passent, ça aide à remplir l'espace temps...
    Charlu, bonne répartie...
    Passengers... J'adore cet album.
    Mais ce groupe m'interpelle alors, je vais me faire une idée - tout ce qui touche à ce mouvement m'intéresse - logiciels compris.
    Au passage juste lire le journal de Eno, publié sur une année, jour pour jour...
    La création est lente, méditative, la vie de cet artiste aussi - puis soudain, l'idée... Il parle de U2, de James, de...
    tant d'autres...
    Allez, je pars à la découverte.
    merci.

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  5. Hello.
    Oui, moi aussi il me les broute sévère Eno depuis son premier album solo.
    Mais ça ne me met pas en colère, y'a tellement de trucs plus drôles (et inspirés) à écouter…
    EWG

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  6. Si y'a l'ombre de Robert Wyatt, j'en suis!

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