J'ai acheté des CD depuis 1986 (et plein de vinyles avant), j'y ai mis énormément d'argent. J'en ai souvent racheté (remasterisations, bonus tracks...) et aujourd'hui tout ça ne vaut plus rien. Les rayons se vident au profit des DVD, des blu-ray disc (tout pour les yeux, rien pour les oreilles), en attendant le prochain format.

Et pourtant... c'était pas beau tout ça ?


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dimanche 29 octobre 2017

Christy Moore (five down, five to go...)

Dans la série "les 10 bonhommes qui ont le plus tourneboulé votre serviteur", nous voilà déjà au 5ème. Monsieur Christy Moore. Je dis Monsieur et ça n'est pas souvent, remarquez-le bien. Depuis 1969 que le bibendum irlandais se sort de tous les faux pas, au point, en 2016, de sortir un Lily des plus honorables. A part Dylan jusqu'à ses pertes de mémoire (pour ne pas user de métaphore physiologique) qui commencent déjà à dater (Shadows In The Night et autres jazz d'eau) je ne vois guère de monde à le concurrencer, si ce n'est peut-être son compatriote Van the Man, qui semble vouloir se remettre à faire des disques écoutables ? Parce que bon, si les Stones ont rattrapé le coup des Satanic Majesties en 1967, il faut bien dire que Emotional Rescue (1979... purée) leur fut fatal ou presque.

Christy Moore lui, s'est amusé à tutoyer des sommets - et pas de simples collines irlandaises - avec Planxty ou tout seul comme un grand et à nous faire sentir le mauvais goût de ses gueules de bois en direct (fin des années 80, comme tout le monde ou presque) mais s'est à ce jour toujours sorti de ses faux pas, et dieu sait s'il y 'en a eu, et puis si les irlandais avaient toujours goût, ça se saurait et c'est eux qui auraient inventé le camembert, ce qui n'est pas le cas, CQFD.

Plus sérieusement, avec son physique presque caricatural, s'il fallait quelqu'un pour incarner la ballade irlandaise, bien mieux que Bourvil, le Christy est votre homme. Capable de tirer des larmes à des crocodiles bourrés à la Guinness, y'en a pas deux comme lui. Alors bien sûr, il est parfois un tantinet pénible quand il veut sauver l'Irlande, la veuve, l'argent de la veuve et l'orphelin, à un point que même Victor Jara aurait préféré qu'on lui coupe les oreilles plutôt que d'entendre tout ça, mais heureusement pour vous, le Jeepee a tout compilé. Tout retrouvé (avec l'aide de quelques amis russes que je remercie au passage), tout pesé, tout ré-estimé. Et parce que le bonhomme le mérite, ce sont là 70 chansons plus une en bonus, pour quelque 730 Mo quand même, qui vont vous fendre votre petit cœur d'artichaut (la celte Bretagne n'étant jamais loin, si l'on en croit le Trip To Roscoff ici présent) faute de vous faire taper du pied. Au moins un titre par album (pas toujours facile quand certains sont vraiment TRES mauvais - genre Voyage), parfois quatre ou cinq ou plus (The Time Has Come) parce que ça n'était pas possible de trancher dans le lard, le Christy ayant la couenne trop épaisse, escapades Moving Hearts et Planxty incluses (enfin, uniquement celles chantées par notre ladre, on s'occupera d'Andy Irvine un autre jour voulez-vous ?), tout ça classé par ordre chronologique, du skiffle rigolo de Paddy On The Road de 1969 à l'émouvante Lily de 2016.

Alors bien sûr cela reste une compilation, même s'il vous faudrait bien fallu quatre ou cinq CD pour caler tout ça dans une autre vie, mais je pense que tout ou presque y est. Certaines choses apparaissent tardivement, dans des versions live (Metropolitan Avenue, par exemple, qui gagne en sobriété - ce qui suffisamment est rare chez les irlandais pour être cité ici), d'autre y sont carrément deux fois (Only Our Rivers, par exemple, dans sa version planxtiesque et en solo en 1983, car symboliquement à cette époque notre homme voulait montrer à tout le monde qui c'était le chef), l'homme ayant en commun avec Manset d'aimer revenir sur ses faits (qui a dit par manque d'inspiration ou par intérêt commercial ?), et oui il manque peut-être quelques facéties, cette compilation étant plus tournée vers la ballade qui vous tire des pintes de larmes que vers la gigue.

Il y a même des choses très mauvaises : un Dark End Of The Street histoire de justifier l'arrêt immédiat de Moving Hearts ainsi qu'un featuring de U2, vite rattrapé par la même chanson sans les andouilles de Dublin (le but pervers de votre serviteur étant évidemment de... enfin vous m'avez compris quoi, Vire vaut bien Dublin, surtout question andouilles). Et ceux qui croient connaître, à ceux-là je dirai : sais-tu que tu y trouveras la version 45 tours de On The Blanket avec - justement - Moving Hearts ? Ainsi que They Never Came Home, censuré par WEA à l'époque de Ordinary Man ? Et le 1er 45 tours de Planxty ? Tout ça tagué par année, ça va de soi. Bon, alors, camembert.

Et pour les curieux, non, Shine On You Crazy Diamond en version folkeuse n'a rien de ridicule même si faut avoir les épaules larges pour s'attaquer à celle-là, et le bougre est peut-être même le seul à s'y être osé. Pour les esthètes, Christy Moore a toujours été pote avec Shane Mc Gowan, contrairement à Van Morrisson, et l'a fait savoir très vite (A Pair Of Brown Eyes), à la même époque ou l'autre a fait son caca nerveux (Irish Heartbeat, enregistré au musée avec les Chieftains). Enfin, non content de rendre hommage à Syd Barrett, Christy s'est aussi fendu d'une ballade pour le pote Rory Gallagher. Un bon gars, je vous dis.

Alors pour finir, les fans branchouilles sur le retour qui font semblant de se faire pipi dessus en écoutant Nick Drake, John Martyn et les autres, qu'ils reviennent me voir après s'être enfilés January Man (la plus belle chanson du monde, tout simplement), The Boys Of Barr Na Sraide, Little Musgrave, Tyrone Boys et Folk Tale. On en discutera devant un lexomil.

Vous savez donc quoi écouter pendant les cinq prochaines heures. Elles devraient être bien douces. Je vous envie, ceux, là, vous, qui allez découvrir tout ça.

Vite, ça dure que huit jours ce truc.

Et pour ceux qui hésiteraient ou qui ne croiraient pas au père Noël, la set-list est ici (Planxty est vert et Moving Hearts est orange) :

Paddy On The Road (1969 – The Box Set 1964-2004)
The Curraghs Of Kildare (1969 – Paddy On The Road)
Spancill Hill (1972 – Prosperous)
The Cliffs Of Dooneen (1972 – Prosperous)
Three Drunken Maidens (1972 – single A-Side)
The Raggle Taggle Gypsy (1973 – Planxty)
Only Our Rivers (1973 – Planxty)
As I Roved Out (1973 – The Well Below The Valley)
The Well Below The Valley (1973 – The Well Below The Valley)
The Lakes Of Pontchartrain (1974 – Cold Blow And Rainy Nights)
One Last Cold Kiss ( 1975 – Whatever Tickles Your Fancy)
The Moving On Song (Go ! Move ! Shift !) (1975 – Whatever Tickles Your Fancy)
January Man (1975 – Whatever Tickles Your Fancy)
Johnny Jump Up (1976 – The Box Set 1964-2004)
Nancy Spain (1976 – Black Album)
Ninety Mile From Dublin Town (1978 – H-Blocks)
Black Is The Color (1978 – Live In Dublin)
The Boys Of Barr Nà Stràide (1978 – Live In Dublin)
Bogey’s Bonnie Banks (1978 – Live In Dublin)
Trip To Jerusalem (1978 – The Iron Behind The Velvet)
Dunlavin Green (1978 – The Iron Behind The Velvet)
The Good Ship Kangaroo (1979 – After The Break)
True Love Knows No Season (1980 – The Woman I Loved So Well)
Hiroshima Nagasaki Russian Roulette (1981 – Moving Hearts)
Irish Ways & Irish Laws (1981 – Moving Hearts)
No Time For Love (1981 – Moving Hearts)
Dark End Of The Street (1982 – Moving Hearts)
All I Remember (1983 – The Time Has Come)
Faithfull Departed (1983 – The Time Has Come)
Nancy Spain (1983 – The Time Has Come)
The Time Has Come (1983 – The Time Has Come)
The Wicklow Boy (1983 – The Time Has Come)
Only Our Rivers Run Free (1983 – The Time Has Come)
Lord Baker (1983 – Words & Music)
I Pity The Poor Immigrant (1983 – Words & Music)
Ride On (1984 – Ride On)
Back Home In Derry (1984 – Ride On)
On The Blanket (1984 – single A-Side)
Ordinary Man (1985 – Ordinary Man)
Sweet Music Roll On (1985 – Ordinary Man)
St Brendan’s Voyage (1985 – Ordinary Man)
Quiet Desperation (1985 – Ordinary Man)
They Never Came Home (1985 – Ordinary Man outtake)
Deportee (1986 – Spirit Of Freedom)
The Other Side (1987 – Unfinished Revolution)
Natives (1987 – Unfinished Revolution)
A Pair Of Brown Eyes (1987 – Unfinished Revolution)
The First Time Ever I Saw Your Face (1989 – Voyage)
Smoke & Strong Whiskey (1991 – Smoke & Strong Whiskey)
Easter Snow (The Collection 81-91)
Before The Deluge (1993 - King Puck)
Welcome To The Cabaret (1994 - Live At The Point)
The Knock Song (1994 - Live At The Point)
North & South Of The River (1995 - w/ U2)
North & South Of The River (1996 – Graffitti Tongue)
Rory Is Gone (1996 – Graffitti Tongue)
Tell It Unto Me (1999 – Traveller)
So Do I (2001 – This Is The Day)
Wandering Aongus (2002 – Live At Vicar Street)
Metropolitan Avenue (2002 – Live At Vicar Street)
Little Musgrave (2004 – Planxty Live 2004)
Changes (2005 – Burning Times)
Sacco & Vanzetti (2006 – Live At The Point)
Sonny’s Dream (2006 – Live At The Point)
Barrowland (2009 – Listen)
Shine On You Crazy Diamond (2009 – Listen)
Listen (2009 – Listen)
Tyrone Boys (2011 – Folk Tale)
Farmer Michael Hayes (2011 – Folk Tale)
Folk Tale (2011 – Folk Tale)
Lily (2016 – Lily)
BONUS : Where I Come From (live - Late Late Show 2014)

Enfin, pour ceux qui lisent jusqu'au bout, un lien alternatif au kazoo :

zip, zip, re-zip et encore zip !

6 commentaires:

  1. L'offre est alléchante, je me jette à l'eau… ou plutôt dans la Guinness !

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  2. Tu ne devrais pas le regretter, même si se jeter à l'eau dans les pays Celtes à cette époque de l'année c'est un peu risqué...

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  3. Et quand le bonhomme reprend du Pink Floyd… whaooooof !

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    1. Maintenant petit scarabée tu fais partie de Ceux qui Savent...

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  4. J'ai découvert Plan,xy avec le Zorn mais j'ignore toute le reste (c'est à dire tout sauf cet album).
    Un jour, il faudra parler de l'Irlande autrement que par le Van, le Shane, le Rory et le Bono. Pourquoi pas par That Petrol Emotion? Un groupe sans grand album mais avec énormément de grandes chansons. Moi, avec leur 5 disques, j'avais fait une double compil de 70mn.

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    1. De Planxty je te conseille le live de 2004, des versions incroyables de chansons incroyables (Little Musgrave, mon dieu...) et de Christy Moore, ben... c'est juste au-dessus. J'avais écouté TPE aussi, j'avoue que je ne m'en souviens plus. Mais d'accord avec toi sur cette idée (du coupn j'y refléchis...) d'autant que pour tous ceux-là (à part peut-être Rory) se réclamer irlandais rajoutait surtout du panache à la carte de visite...

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